Je suis Denis et j’ai 60 ans.


A la naissance, je pesais 3kgs 850 pour une taille de 62 cm.
J’ai grandi plutôt rapidement pour atteindre ma taille actuelle de 1m87 à l’âge de 15 ans.
J’ai fait beaucoup de sport dans ma jeunesse, j’ai notamment joué au football en 3ème division, j’ai fait de l’athlétisme, j’ai joué au tennis & au badminton, et j’ai fait du vélo avec notamment un Paris-Roubaix cyclo-tourisme.
A 20 ans, je pesais 81 kgs et j’ai maintenu ce poids jusqu’à mes 30 ans.

A 30 ans, j’ai brutalement arrêté le sport pour me consacrer à mes activités professionnelles.
J’ai aussi beaucoup déménagé, quittant ville mais aussi région, puis j’ai rencontré ma future épouse.
Ces changements dans ma vie n’ont laissé aucune place au sport, mais plutôt à une vie sédentaire, et donc petit à petit j’ai commencé à grossir. Au début je trouvais cela bien car 81 kgs pour 1M87 j’étais plutôt sec.


Mais le résultat 20 ans plus tard était mauvais, je pesais 120 kgs.
De ce poids en vérité il y avait une interrogation, comment c’était possible ?


En effet, sachant que pour grossir il faut une balance « entrée de calorie » supérieure à la consommation de calories alors que j’étais plutôt très raisonnable concernant la nourriture, j’avais des questions.
Effectivement je ne mange jamais de plats préparés, je ne fréquente aucun fast food, je ne bois aucune boisson gazeuse, peu d’alcool et très peu de sucreries.


J’ai alors beaucoup étudié le métabolisme et aussi contacté les médecins jusqu’à me retrouver à Lyon Sud au service obésité.
Dans ces différentes démarches, j’ai bien entendu fait plusieurs fois des analyses de sang toujours avec de bons résultats. J’ai côtoyé des médecins nutritionnistes, certains doutaient de mes apports journaliers en nourriture, d’autres m’ont proposé des régimes ; un médecin m’a même proposé un régime Weight Watchers. Mais voilà, faire un régime quand on mange en moyenne 1700 kcal par jour c’est très compliqué.


A l’hôpital Lyon Sud, après de nombreuses analyses, ils ont évalué mon métabolisme de base et le résultat fut plus que surprenant ! mon métabolisme de base est de 1300 kcal, alors que j’aurais dû être aux alentours de 2200/2400 kcal !
Que faire pour redémarrer ce métabolisme récalcitrant ??


J’ai rencontré FORT EN SPORT, association qui a pour but d’aider les personnes en obésité à retrouver le plaisir de faire une activité sportive adaptée à nos contraintes.
J’ai commencé en septembre, cela me fait beaucoup de bien surtout d’un point de vue psychologique car j’étais persuadé que plus jamais je n’aurais d’activités sportives. J’ai été très assidu jusqu’en décembre, depuis la coupure des vacances de fin d’année c’est plus compliqué je l’avoue.


Je travaille toujours et le cumul de mes activités professionnelles avec mon activité sportive est difficile.
J’espère être en retraite cet été et donc j’ai bon espoir de renouer avec un mieux vivre alliant sport et activité diverses sans plus aucune contrainte obligatoire.

Je m’appelle Anne, j’ai 45 ans et je suis atteinte du syndrome de Bardet-Biedl, maladie génétique rare qui se caractérise par des doigts supplémentaires à la naissance, une rétinite pigmentaire, une obésité sévère, des malformations génitales, des troubles articulaires entrainés par de la laxité musculaire, des problèmes dentaires mineurs… Cette maladie est de transmission autosomique récessive.

Polydactylie et rétinite pigmentaire

J’ai donc été opéré à la naissance des doigts surnuméraires, la perte de vision nocturne est arrivé vers l’âge de 5-6 ans et les caractéristiques de la rétinite pigmentaire sont apparues à l’âge de 11 ans.
J’ai donc pu avoir une scolarité normale pour le primaire et le collège où je suis passé de malvoyante à très malvoyante au lycée où j’ai dû utiliser les outils de non-voyant, dont le braille et la canne blanche. J’ai donc perdu la vue en plusieurs étapes ce qui me permet de bien compenser ce handicap car assez bien connu par les médecins pour avoir un diagnostic clair de son évolution même s’il n’y a toujours pas de thérapie génique à ce jour pour freiner sa dégénérescence.


A 45 ans, j’ai une vision très restreinte dans un champ visuel réduit qui se traduit par uniquement la captation des éclairages, me facilitant quand même les déplacements.

 
J’ai pu entreprendre des études universitaires en droit mais bon… les diplômes ne donnent pas forcément accès à l’emploi qui reste une discipline difficile pour une personne non-voyante avec handicap associé.

L’obésité sévère chronique

Dès la naissance et pendant toute la petite enfance, le poids évolue et très vite, je me suis retrouvé en surpoids ; le facteur d’obésité dans le syndrome de Bardet-Biedl est difficile à diagnostiquer car notre métabolisme s’apparente à du diabète alors qu’il y a que des problèmes de gestion de la masse graisseuse, de la satiété… J’ai donc dû subir pendant toute mon enfance et adolescence divers régimes pour faire tomber le poids mais un bon nombre n’ont pas fonctionné car le corps médical pense que cela vient de mon environnement social et que je grossi anormalement donc beaucoup de ressentis négatifs et d’incompréhension envers la médecine qui ne trouve pas de solutions pour traiter ce type d’obésité.

Les découvertes génétiques récentes en matière d’obésité ont changé la donne et tout le problème du surpoids peut provenir d’un problème génétique affectant les cellules concernant la satiété et l’envie de manger ou non ; donc enfin, le corps médical reconnait que tout ne vient pas de la volonté ou pas du patient de perdre du poids mais il y a d’autres facteurs à prendre en compte.

Suite à tous les régimes alimentaires avortés, j’avais horreur de manger, une phobie de la nourriture et dès que je mange n’importe quoi, je prends tout de suite du poids. En plus, je déteste cuisiner car on m’a toujours appris que « traîner trop dans une cuisine donnait faim ». J’ai bien sûr des fringales alimentaires liées aux problèmes psychologiques qu’entrainent la maladie, les douleurs, le mal-être provenant de la non-acceptation de son corps comme il est actuellement.

 
En septembre 2022, j’ai pu bénéficier d’un traitement médicamenteux pour combattre la satiété et qui favoriserai une perte de poids réelle ce qui m’a permis de reprendre plaisir à manger et à moins culpabiliser par la prise de poids ponctuelle. Bien sûr, ce traitement, accompagné d’une prise en charge diététique, a pu fonctionner et apporter de bons résultats ; j’ai donc pu reprendre une certaine confiance en moi et une meilleure prise en compte de mon corps vu que les douleurs liées à la surcharge de poids ont en même temps diminué, ainsi que les fringales alimentaires indésirables.

Douleurs articulaires, laxité musculaire et activité physique adaptée

En 2001, j’ai eu des problèmes musculaires bloquant le dos et provoquant une sciatique à la jambe droite, je ne pouvais plus marcher normalement, après une opération de la colonne dorsale, la marche est revenue petit à petit après une longue rééducation. En 2017, ce problème de santé est réapparu et là j’ai dû rester en fauteuil pendant 15 jours donc je ne suis pas à l’abri de gros problèmes de dos que je soigne avec un Neuro-stimulateur qui me permet pour le moment d’éviter les opérations du dos.

J’ai depuis 2 ans des soucis de cheville et de jambe lourde, problèmes que je gère par la kiné et la pressothérapie.


Tout le monde me dit : « tu devrais faire du sport pour perdre du poids. » Je sais qu’il faut être actif pour perdre du poids mais dans mon cas, je ne peux pas pratiquer du sport comme tout le monde. Il faut prendre en compte mes problèmes de santé donc je me suis orienté vers l’activité physique adaptée mais j’ai du mal à trouver une solution « tout en un » car il faut dans mon cas prendre en compte à la fois l’obésité et la cécité et là ; peu de gens savent faire les 2 en même temps.

J’ai renoncé au sport à domicile car trop cher pour ma bourse et en plus pas d’interaction social donc je privilégie les petits groupes collectifs. J’attends donc des réponses courant mars de plusieurs structures sportives permettant de me prendre en charge. Pour le moment, je m’occupe beaucoup de ma santé au détriment de ma vie professionnelle qui pour l’instant se limite à donner des cours d’informatique à d’autres personnes non-voyantes. Je m’occupe aussi des questions d’accessibilité numérique car l’outil informatique n’est pas un obstacle pour moi mais un moyen de communication important. Je lis beaucoup, en braille et en audio, j’essaie d’aller au théâtre ou au cinéma quand il y a des spectacles en audiodescription.         

Pour en savoir plus : https://www.sante-sur-le-net.com/maladies/maladies-rares/syndrome-bardet-biedl/

Je m’appelle Honorine. Je suis diététicienne psycho-nutritionniste. J’ai eu mon propre combat avec l’obésité. Je vais vous raconter en quelques lignes, une expérience de vie d’une vingtaine d’années.

Durant mon enfance, selon les propos de mes parents, je mangeais une petite quantité de nourriture. Souvent, ils cherchaient même des astuces pour stimuler mon appétit (vitamines, produits sucrés, temps affectifs au cours des repas) … j’avais aussi des néophobies alimentaires. Beaucoup d’aliments me dégoûtaient et il y avait peu de repas que j’aimais manger.

Au début de l’adolescence, je m’étais retrouvée en situation obésité. Cela ne m’a pas inquiétée personnellement. Par contre, un de mes parents semblait s’en préoccuper. Parfois, cette personne sans vouloir m’offenser me faisait comprendre que je devais perdre du poids. Dans la peau de l’adolescente que j’étais, je pensais qu’elle m’aimait moins, à cause de ma corpulence. Pour compenser cela, j’étais très assidue à l’école, ramenant de bonnes notes à la maison pour être félicitée.

Un jour, un médecin m’avait proposé de voir un nutritionniste. Mais instinctivement, je me disais que ce dernier allait retirer de mon alimentation les quelques aliments que j’aimais bien manger. Donc je n’ai pas sauté ce pas.

Suite à l’obtention du bac, j’ai fait 2 années d’études supérieures en médecine. C’est là que j’ai pris conscience que le corps est constitué de cellules, et nos cellules se nourrissent des éléments venus de notre assiette. J’ai réalisé l’impact de l’alimentation sur la santé à ce moment-là. Et j’ai décidé de prendre soin de moi, avant d’aller soigner les autres. Cela m’a amené à me réorienter vers les études de diététique et de Nutrition Humaine.

Au fur et à mesure que j’apprenais les éléments de base d’une alimentation saine, je mettais en pratique. C’est ainsi que je suis arrivée à avoir une alimentation diversifiée. Chemin faisant, j’ai corrigé ma relation à l’alimentation. Naturellement, j’ai perdu du poids.

C’était la première fois que je m’affinais si fort. Et j’avais l’impression de ne pas avoir le contrôle sur cette perte de poids. Des peurs et des craintes se sont révélées, en ce qui concerne le regard des autres sur mon corps, l’image de soi… Des croyances limitantes s’étaient donc érigées, m’empêchant de poursuivre les efforts vers la vision de mon corps souhaitée.

J’ai donc décidé de travailler sur moi pour briser ses croyances, apprendre à m’accepter, m’aimer pour qui je suis. C’est à ce moment-là que je me suis intéressée à d’autres domaines complémentaires (développement personnel, psychologie, coaching…).

Petit à petit, j’ai acquis de nouvelles compétences professionnelles et j’ai pris conscience que le poids n’est pas simplement une question de nourriture.

Mon expérience m’a convaincue que la prise en charge d’une personne en situation d’obésité doit être globale et multidimensionnelle.

Dois-je maigrir ?

Depuis janvier, grâce à mon tout nouveau programme sportif, je perds du poids et modifie ma silhouette ; cela se voit.

Les uns le disent et ça m’énerve. Les autres le taisent et ça m’énerve.

Ceux-qui-disent disent très volontiers : « C’est bien. » Je les trouve très pénibles avec leurs jugements de valeur ! Et j’ajoute : ainsi donc, « les z’autres » veulent que je maigrisse. Tout au moins me le souhaitent-ils.

Pourquoi ?

Je n’ose pas encore poser la question. Je me demande si je vais recevoir un bon point ? Une image ? Combien d’images pour un kilo ?

Personnellement, je n’ai jamais souhaité pour quelqu’un qu’il grandisse, blondisse ou brunisse, se muscle, se redresse, se rééquilibre, s’affine. Ni qu’il grossisse ou maigrisse. Jamais.

En revanche, la certitude de l’existence de ce désir que « les z’autres » ont pour mon corps et moi me vrille les nerfs. Et si, en décidant de perdre du poids, j’entrais dans le désir des autres ? Eh ben, ça me ferait mal, ça dis-donc. Je vous interdis à vous « les z’autres » de juger mon corps, ma silhouette, mes kilos, mes formes, mes fesses qui dépassent et mon gras qui bourrèle, vous qui me jugez à l’aune de vos propres représentations, vous qui voyez les gros comme les héritiers honteux de Gargantua, lourds, inutiles, goinfres et paresseux, vous qui croyez encore que ces coupables honteux engouffrent des hamburgers à longueur de journée pendant que les minces font du sport.

Peut-être que cette volonté de me voir maigrir leur apparaît comme le simple reflet de ma nécessairement propre volonté. « Que pourrait-elle vouloir d’autre », se disent-ils ? Comment peut-elle accepter de trimballer tous ces kilos ? (réponse : elle ne peut pas trop bien !) « T’as vu à quoi elle ressemble ? » « Qu’est-ce qui lui est arrivé ? » Sur ce coup-là, je suis d’accord : cette envie de maigrir me tenaille, bien qu’elle reste à l’état d’envie. Même si je n’en parle pas, serait-elle donc une évidence ?

Peut-être que plutôt que de vouloir que je maigrisse, veulent-ils encourager ma démarche ? Peut-être me veulent-ils plus heureuse ? Me veulent-ils plus jolie ? En meilleure santé ? Voilà qui pourrait être acceptable. Mais soyons clairs, personne ne s’intéresse autant à la santé du mince qui boulote à longueur de temps des saloperies servies par l’industrie agroalimentaire. On a donc bien un petit souci avec cette histoire d’obésité ; vous ne me l’enlèverez pas de l’idée.

Alors, dois-je maigrir ?

Évidemment. Car j’ai besoin de m’aimer plus, de m’aimer mieux.

Cette démarche esthétique m’apparaît peu à peu totalement sensée. Parce que se sentir belle permet d’entreprendre, de participer, de rayonner, de restaurer la confiance en soi. D’être soi au lieu d’être « la grosse de service ».

Pourtant, j’ai conscience que le résultat d’une chirurgie sera esthétiquement pire que mieux. Mon corps va s’effondrer, c’est certain … Muscle du coucou en débandade, ventre en tablier flottant, cuisses en dégoulinade … le mieux sera obligatoirement un mieux habillé !

Avec cette perspective d’un physique de sac vidé, j’ignore de moins en moins les arguments relatifs à ma santé. On se la souhaite assez tous les mois de janvier pour ne pas, parfois, en réaliser la valeur immense. La santé, ça compte !

Il ne me reste plus qu’à ne pas écouter le mal, ne pas dire le mal, ne pas voir le mal ; il ne me reste plus qu’à balayer les injonctions extérieures et décider de maigrir, ou pas, d’être opérée, ou pas, d’abandonner, ou pas, en tous cas légitime, libre, souveraine.

Marie

Enfant, j’étais ce qu’on appelait une enfant « bien potelée ». Puis, vers les 11/12 ans, entre l’arrêt de l’activité physique extrascolaire (depuis plusieurs années, j’étais majorette) et la survenue de troubles du comportement alimentaire, ma courbe de poids n’a plus jamais cessé de grimper.

J’ai toujours subi diverses moqueries sur mon physique : « trop grande », « trop grosse », etc …. Mais même si enfant, je ne comprenais pas les moqueries, adolescente et adulte, je les redoutais. Je les voyais bien, au quotidien, les différences physiques entre les autres et moi : trouver des vêtements à ma taille et des chaussures taille 42 en extra large difficilement accessible en magasins de proximité ; les chaises de bistrot bien trop étroites pour mes bourrelets… Mais pour autant, je ne me rendais pas compte de l’ampleur des dégâts, d’autant que jamais mes kilos ne m’ont gêné pour bouger et travailler comme tout à chacun.

N’ayant jamais eu de balance à la maison, je ne me pesais pas. Ce n’est que lorsque j’ai été prise en charge pour lutter contre un cancer que j’ai été pesée à l’hôpital où j’étais suivie. C’était en 2012. J’avais 35 ans. Et je pesais 150 kg ! Je crois que l’annonce de mon poids a été plus choquante que l’annonce de mon cancer ! Mais c’est à partir de ce moment, qu’on a commencé à me parler de chirurgie bariatrique. J’avoue qu’à l’époque, je ne connaissais rien de ces techniques médicales. Je n’étais donc ni pour, ni contre. Mais j’avais autre chose en tête que mon poids…

Après cette période, alors que je me remettais de mes soins passés, ma mère est tombée malade. Ma sœur et moi avons dû la transporter jusqu’aux urgences les plus proches. Après sa prise en charge, une aide-soignante qui revenait vers nous afin d’obtenir plus de renseignements, nous a appris que l’état de santé de ma mère était très préoccupant. Et que « son état d’obésité n’aidait pas ». Il faut savoir qu’à l’époque, je ressemblais beaucoup physiquement à ma maman. Et le fait de savoir que j’avais encore plus de poids qu’elle m’a fait prendre conscience de la dangerosité du mien pour ma santé. Je pense sincèrement que c’est la situation de ma mère, et les mots de l’aide-soignante qui m’ont décidé : la chirurgie bariatrique dont on m’avait souvent parlé était peut-être une bonne solution pour moi…

 C’est ainsi que je me suis retrouvée devant mon médecin traitant à lui parler de ma décision d’aller rencontrer un chirurgien spécialiste. Mais de rajouter que « avant de guérir mon corps, il faudrait guérir ma tête » : c’est à cette époque que mes troubles du comportement alimentaire, et mon poids, avaient atteint leur apogée. C’est ainsi que j’ai débuté un suivi psy afin d’apprendre à gérer mes TCA. Et peu de temps après, j’ai pu rencontrer une chirurgienne spécialisée dans les opérations de chirurgie bariatrique.

Lors de ce premier rendez-vous, beaucoup de questions sur mon parcours m’ont été posées. J’ai été mesurée. Et de nouveau pesée. Un deuxième choc : je savais que j’avais repris du poids puisque mes TCA faisaient que je mangeais toute la journée. Mais je ne m’étais pas imaginée avoir repris autant de poids car c’est pas moins de 177kg qu’affichait la balance. Je comprenais mieux pourquoi parfois mes chevilles me faisaient si mal que je ne pouvais pas marcher jusqu’à ma boite aux lettres….

La chirurgienne m’a expliqué en quoi consistait la chirurgie bariatrique, ainsi que les différentes techniques utilisées en fonction des patients et des résultats, des différents examens obligatoires à effectuer dans les semaines à venir… Je me souviens d’avoir rencontré différents corps médicaux : cardiologue, pneumologue, psychiatre et psychologue. Quand j’ai rencontré le psychiatre pour la première fois, j’étais en larmes devant lui, et sa réponse fut sans surprise : « non, je ne suis pas d’accord pour l’instant pour que vous subissiez une intervention de ce type ». Et je l’ai revu une deuxième fois, après plusieurs mois de suivi psychologique, cette fois-ci, j’étais souriante, et il m’a donné son accord pour l’opération.

Grâce à tous les différents examens, j’ai pu apprendre, entre autre, que je n’avais ni diabète, ni hypertension artérielle. Aucun problème de cœur ou de souffle. Par contre, j’avais un « foie gras » et une apnée du sommeil, m’obligeant à être appareillée la nuit, mais qui devrait s’améliorer avec une perte de poids. La gastroscopie (qui ne fût pas l’examen le plus douloureux, mais pas non plus le meilleur souvenir de ma vie…) avait permis de détecter la fameuse bactérie Helicobacter Pilori, et d’être traitée pour l’éradiquer.

Durant ce parcours, j’avais également pu rencontrer régulièrement une diététicienne. J’ai appris que je n’étais pas ce qu’on peut appeler « une grosse mangeuse » vu la quantité d’aliments ingérée lors des repas. Mais même si j’avais des assiettes peu remplies, elles étaient surtout trop grasses, et peu équilibrées. J’ai pu apprendre à modifier ma façon de manger et surtout à équilibrer mes repas au quotidien. Grâce à cela, et à une meilleure gestion de mes TCA, j’ai perdu 17 kg sans rien changer d’autres à mon quotidien.

Tous les examens ayant été fait, je suis passée en RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) qui décide si oui ou non, on est prêt à bénéficier d’une chirurgie bariatrique. Et si oui, quelle chirurgie serait préconisée au vue des différents résultats d’examens passés. Pour mon cas, il a été décidé qu’un bypass serait le plus adapté étant donné ma tendance aux grignotages et mes reflux. J’ai donc été opérée en juin 2016, soit pratiquement 3 ans après avoir pris ma décision.

L’opération s’est très bien déroulée. Le post-opératoire également : aucunes douleurs, une pêche d’enfer, et une perte de 18kg le premier mois… Je revivais : marcher ne me faisait plus mal aux chevilles. Les deux premières années, j’ai vu mon poids descendre régulièrement. J’ai toutefois vécu deux « longs » paliers : un de 3 mois et un de 6 mois. La troisième année post-op, mon poids était stable. Mais avec un poids de 120 kg (j’avais investi dans une balance J), et donc une perte de plus 40 kg (près de 4,5 packs d’eau !), je le vivais plutôt bien, et j’étais très satisfaite de ma nouvelle vie. Je me disais que chaque nouveau kilo perdu, ne serait que du « bonus ».

Malgré tout, mes collègues et mon entourage me disaient régulièrement que j’avais encore perdu. Sauf que, comme je leur répondais : « ma balance me donne toujours le même poids ». Aussi, un jour j’ai eu l’idée de prendre mes mensurations. Grand bien m’en a pris car si les chiffres sur la balance ne bougeaient pas, les centimètres eux, s’envolaient pour mon plus grand plaisir. Puis, les chiffres sur la balance se sont mis à redescendre durant quelques temps… Jusqu’à passer sous la barre des 100 : 99,8kg exactement. Sauf que… à cette époque, lorsque je voyais mon reflet, je pleurais : je me trouvais « maigre ». Je n’arrivais pas à me reconnaître. Et puis Mme Covid est arrivée dans nos vies.

Entre les soucis liés à mon physique, le manque d’exercices et le stress lié au confinement, mes troubles du comportement alimentaire sont réapparus. Mais pratiquement un an s’était écoulé avant que je ne réagisse. Et c’est près de 20kg qui étaient revenus lorsque j’ai repris contact d’une part avec l’hôpital qui me suivait, et d’autre part, avec une psychologue pour reprendre une thérapie.

Aujourd’hui, je n’ai toujours pas perdu les derniers kilos repris. Je pèse donc encore 120 kg, et suis toujours en situation d’obésité « sévère ». Mais je suis passée de « la petite grosse effacée » qui disait oui à tout, à une personne qui ose s’affirmer. Sans pour autant avoir totalement changée : je suis toujours prête à aider mon prochain. Mais jamais plus au détriment de ma santé physique ou morale. Je me sens bien dans mon corps, bien mieux dans ma peau qu’avant l’opération. Et j’arrive même à me reconnaître sans pleurer, lorsque je me vois dans un miroir.

Laëtitia

En surpoids depuis mon enfance et aujourd’hui en « obésité morbide », d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait du sport même si j’ai fait peu de sport en compétition. Enfant, j’ai fait de la danse classique. Collégienne, en plus du sport en classe, je passais mon mercredi après-midi sur les terrains de basket, volleyball ou handball, suivant le trimestre et une trentaine de kilomètres en vélo le dimanche. Adulte, j’ai fait, entre autres, de la danse moderne jazz, de la danse de salon, de la natation et de l’aquagym. Etant domiciliée à quelques dizaines de mettre de la piscine, je passais en moyenne 6h dans l’eau par semaine, ce qui m’a permis de découvrir à 30 ans, les prémices d’une arthrose qui m’a obligé peu à peu à limiter mon activité physique.

À cinquante ans, mon activité physique est devenue quasi-nulle (marche limitée à 200 m) avant la mise en place de mes prothèses de genoux respectivement à 57 et 59 ans. Depuis j’ai retrouvé une vraie liberté pouvant marcher sur près de 5km sans douleur. Mais, je n’ai jamais pour autant laisser le monde du sport puisque j’allais chaque semaine environ 1 à 2h à la piscine et que je suis devenue une bénévole investie (secrétaire, puis trésorière) d’un club de basket où j’ai mis en place le Basket Santé, en particulier pour les personnes en surpoids et/ou en obésité.

Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour vous montrer qu’être en surcharge pondérale ne veut pas dire qu’on n’est pas sportif ou sportive. En effet, comme l’expliquait Marianne James, dans une interview, être en obésité, c’est par nature être déjà sportif puisque chaque jour, à chaque instant de notre vie, nous marchons, nous courrons, nous sautons, nous montons des escaliers avec 20 – 30 – 50kg, voire davantage… à porter de plus qu’une personne d’un poids dit « idéal ».

Nous avons donc une musculature très développée. Les personnes de « la bonne société » préconisent en plus des régimes (souvent basses calories) de bouger plus, de faire un sport quel qu’il soit, pensant que notre surpoids est obligatoirement lié au fait qu’on mange sans cesse et à notre inactivité, mais qu’en savent-elles ? Mon parcours est bien la preuve qu’on peut être en obésité et active ! N’oublions pas que notre physique a de multiples origines : génétique, environnement, microbiote, maladies ou traitements, psychologique…

Néanmoins le sport est indispensable à notre bien-être. Il nous permet de limiter notre prise de poids ou d’en perdre. Mais le sport est aussi bon pour notre moral, il nous évite de nous morfondre sur notre prise et excès de poids, et il contribue à notre sociabilisation puisqu’il nous permet de partager avec notre équipe, notre club… nos réussites, nos progressions et de nous faire des camarades, des ami(e)s… Donc méfions-nous du mal du siècle qui fait de nos enfants des personnes assises ou allongées devant leur ordinateur qui ne sortent plus de chez eux…

Pourtant qu’il est difficile de faire du sport quand on est en surcharge pondérale. Que la première personne en surpoids d’entre nous qui n’a jamais ressenti de discrimination en souhaitant s’inscrire dans un cours ou un club sportif ou en pratiquant son activité sportive, lève la main !

Il y a des sports où dès que vous êtes en surcharge pondérale, on vous fait comprendre que ce n’est pas un sport pour vous et ce, quelle que soit votre motivation avant même de vous avoir permis de montrer ce que vous savez ou pouvez faire. Avoir un « gros » dans son activité serait une honte, une preuve du manque de sérieux de l’activité. A-t-on déjà vu une danseuse, une patineuse en obésité, ce n’est pas bien joli… ? Mais savez-vous si faire des arabesques, des glissades ne pourraient pas nous rendre plus heureux.ses, permettre de faire évoluer la mentalité de vos cours, améliorer le regard de la société…

Il y a des coachs bien intentionnés qui vous prennent comme un défi et qui veulent vous montrer que faire du sport de manière intensive vous fera perdre vos kilos disgracieux en oubliant que faire du sport doit rester un plaisir, pas une contrainte. Le sport, c’est comme le travail, à l’excès peut devenir une cause de mal-être et de burnout entrainant l’effet inverse de ses bienfaits.

Enfin, il y a le regard de tout à chacun. Combien d’enfants heureux de pratiquer un sport, d’y trouver des copains ou copines, ont dû arrêter de le pratiquer à force des quolibets, blagues douteuses, sourires ou rires, moqueries, … entraînant perte de confiance en eux, isolement de l’enfant… ? Combien d’adultes n’osent pas faire de sport ou le stoppent, suite à des remarques désobligeantes, des plaisanteries, des rires, …? Même si les choses évoluent, il reste beaucoup à faire pour rendre le sport accessible à tous.

Les regards bienveillants existent mais sont encore trop peu nombreux. C’est pourquoi, en autres, j’ai ouvert une section Basket Santé réservée aux personnes en surcharge pondérale, enfants comme adultes. Nous avons pu constater chez plusieurs enfants qu’ils ont retrouvés le goût et le chemin du sport et l’année suivante, ils ont pu s’inscrire en section basket compétition. La surveillance des coachs sur le regard des autres, en particulier des extérieurs à leur équipe, a permis à ses enfants de progresser et de s’investir avec plaisir dans leur sport.

Pour les adultes, les surcharges pondérales étant souvent plus importantes ils n’ont pas pu quitter la section basket santé car d’autres pathologies se sont ajoutées, mais ils y ont trouvé un groupe de camarades avec lequel ils ont plaisir à se retrouver chaque semaine, même quand ils sont blessés ou fatigués. Cela leur permet d’intégrer un groupe social non discriminant dans lequel ils viennent s’amuser, rire, partager leurs difficultés ou problèmes avec des amis tout en bougeant et en progressant dans leur activité sportive.

Comme beaucoup d’entre nous, je rêve d’une société bienveillante où nous serions libres de travailler, de faire du sport, sans discrimination, de couleur, de religion, surtout de tour de taille d’autant qu’on le constate la population des personnes en obésité progresse d’année en année. Mais, je reste confiante et je perdure à pratiquer autant que possible du sport juste pour le plaisir que cela me procure.

Nadine

Voilà, je m’appelle Natacha, j’ai 33 ans et je suis en obésité…. Le mot est dit. Ce mot qui est plus utilisé comme insulte que comme une maladie. Ce mot qu’on m’a rabâché toute ma vie depuis l’école primaire, même quand je ne l’étais pas.

Etant en avance dans la puberté, je me suis toujours sentie et on m’a toujours fait sentir en obésité par rapport aux gens de mon âge. C’est peut-être pour ça que mes amis sont tous plus vieux que moi, même maintenant.

Tout ceci fait tellement souffrance, je hais mon corps, je me hais tout court en fait. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu à ce point être dépassée par tout ce poids qui ne faisait que grimper ? Oui, il y a 1 an et demi je pesais pas moins de 147 kg et croyez-moi, je n’en suis pas fière du tout.

Surtout quand même le corps médical, censé être bienveillant, s’y met aussi : « C’est simple, il faut perdre du poids rapidement ». Simple, ce mot qui fait si mal et à la fois ultra culpabilisant. Bien évidemment, tout problème de santé, quel qu’il soit est forcément lié à cet excès pondéral. Je me demande parfois de quel côté la facilité est utilisée… A tel point qu’aller chez un nouveau médecin provoque de grosses crises d’angoisses encore aujourd’hui.

Tout a commencé un peu avant mes 20 ans. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les crises d’hyperphagie. Je mange mes émotions, mon angoisse. Puis, peu de temps après, diagnostiquée bipolaire, après avoir été dépressive, un psychiatre me donne un énorme traitement. Résultat : aucun… sauf que … +30 kg en 6 mois. Pas facile de les encaisser !

On a ensuite passé en revue tous les traitements possibles, avec à chaque fois toujours un peu plus de poids. Dans ce sens, ça va très très vite. Pour redescendre, c’est une autre histoire. Du fait de mes troubles alimentaires, pas de chirurgie bariatrique possible puisqu’elle serait vouée à l’échec, voire même dangereuse. Il ne me restait donc qu’une seule chance : le Semaglutide (Wegovy), un traitement à l’époque expérimental.

Grâce à ce traitement, j’ai pu perdre plus de 30 kg. J’arrive maintenant à faire du sport, à marcher sans être essoufflée (impossible avant). Je reprends presque une vie normale, et ça fait tellement du bien ! Evidemment je suis passée par une période où je maigrissais tout en ayant l’impression de grossir. Le cerveau change moins vite que le corps…

On ne va pas se mentir, je déteste toujours mon corps, je ne suis pas sûre d’être son amie un jour mais j’essaie de vivre au mieux avec. Sacré travail !