En surpoids depuis mon enfance et aujourd’hui en « obésité morbide », d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait du sport même si j’ai fait peu de sport en compétition. Enfant, j’ai fait de la danse classique. Collégienne, en plus du sport en classe, je passais mon mercredi après-midi sur les terrains de basket, volleyball ou handball, suivant le trimestre et une trentaine de kilomètres en vélo le dimanche. Adulte, j’ai fait, entre autres, de la danse moderne jazz, de la danse de salon, de la natation et de l’aquagym. Etant domiciliée à quelques dizaines de mettre de la piscine, je passais en moyenne 6h dans l’eau par semaine, ce qui m’a permis de découvrir à 30 ans, les prémices d’une arthrose qui m’a obligé peu à peu à limiter mon activité physique.

À cinquante ans, mon activité physique est devenue quasi-nulle (marche limitée à 200 m) avant la mise en place de mes prothèses de genoux respectivement à 57 et 59 ans. Depuis j’ai retrouvé une vraie liberté pouvant marcher sur près de 5km sans douleur. Mais, je n’ai jamais pour autant laisser le monde du sport puisque j’allais chaque semaine environ 1 à 2h à la piscine et que je suis devenue une bénévole investie (secrétaire, puis trésorière) d’un club de basket où j’ai mis en place le Basket Santé, en particulier pour les personnes en surpoids et/ou en obésité.

Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour vous montrer qu’être en surcharge pondérale ne veut pas dire qu’on n’est pas sportif ou sportive. En effet, comme l’expliquait Marianne James, dans une interview, être en obésité, c’est par nature être déjà sportif puisque chaque jour, à chaque instant de notre vie, nous marchons, nous courrons, nous sautons, nous montons des escaliers avec 20 – 30 – 50kg, voire davantage… à porter de plus qu’une personne d’un poids dit « idéal ».

Nous avons donc une musculature très développée. Les personnes de « la bonne société » préconisent en plus des régimes (souvent basses calories) de bouger plus, de faire un sport quel qu’il soit, pensant que notre surpoids est obligatoirement lié au fait qu’on mange sans cesse et à notre inactivité, mais qu’en savent-elles ? Mon parcours est bien la preuve qu’on peut être en obésité et active ! N’oublions pas que notre physique a de multiples origines : génétique, environnement, microbiote, maladies ou traitements, psychologique…

Néanmoins le sport est indispensable à notre bien-être. Il nous permet de limiter notre prise de poids ou d’en perdre. Mais le sport est aussi bon pour notre moral, il nous évite de nous morfondre sur notre prise et excès de poids, et il contribue à notre sociabilisation puisqu’il nous permet de partager avec notre équipe, notre club… nos réussites, nos progressions et de nous faire des camarades, des ami(e)s… Donc méfions-nous du mal du siècle qui fait de nos enfants des personnes assises ou allongées devant leur ordinateur qui ne sortent plus de chez eux…

Pourtant qu’il est difficile de faire du sport quand on est en surcharge pondérale. Que la première personne en surpoids d’entre nous qui n’a jamais ressenti de discrimination en souhaitant s’inscrire dans un cours ou un club sportif ou en pratiquant son activité sportive, lève la main !

Il y a des sports où dès que vous êtes en surcharge pondérale, on vous fait comprendre que ce n’est pas un sport pour vous et ce, quelle que soit votre motivation avant même de vous avoir permis de montrer ce que vous savez ou pouvez faire. Avoir un « gros » dans son activité serait une honte, une preuve du manque de sérieux de l’activité. A-t-on déjà vu une danseuse, une patineuse en obésité, ce n’est pas bien joli… ? Mais savez-vous si faire des arabesques, des glissades ne pourraient pas nous rendre plus heureux.ses, permettre de faire évoluer la mentalité de vos cours, améliorer le regard de la société…

Il y a des coachs bien intentionnés qui vous prennent comme un défi et qui veulent vous montrer que faire du sport de manière intensive vous fera perdre vos kilos disgracieux en oubliant que faire du sport doit rester un plaisir, pas une contrainte. Le sport, c’est comme le travail, à l’excès peut devenir une cause de mal-être et de burnout entrainant l’effet inverse de ses bienfaits.

Enfin, il y a le regard de tout à chacun. Combien d’enfants heureux de pratiquer un sport, d’y trouver des copains ou copines, ont dû arrêter de le pratiquer à force des quolibets, blagues douteuses, sourires ou rires, moqueries, … entraînant perte de confiance en eux, isolement de l’enfant… ? Combien d’adultes n’osent pas faire de sport ou le stoppent, suite à des remarques désobligeantes, des plaisanteries, des rires, …? Même si les choses évoluent, il reste beaucoup à faire pour rendre le sport accessible à tous.

Les regards bienveillants existent mais sont encore trop peu nombreux. C’est pourquoi, en autres, j’ai ouvert une section Basket Santé réservée aux personnes en surcharge pondérale, enfants comme adultes. Nous avons pu constater chez plusieurs enfants qu’ils ont retrouvés le goût et le chemin du sport et l’année suivante, ils ont pu s’inscrire en section basket compétition. La surveillance des coachs sur le regard des autres, en particulier des extérieurs à leur équipe, a permis à ses enfants de progresser et de s’investir avec plaisir dans leur sport.

Pour les adultes, les surcharges pondérales étant souvent plus importantes ils n’ont pas pu quitter la section basket santé car d’autres pathologies se sont ajoutées, mais ils y ont trouvé un groupe de camarades avec lequel ils ont plaisir à se retrouver chaque semaine, même quand ils sont blessés ou fatigués. Cela leur permet d’intégrer un groupe social non discriminant dans lequel ils viennent s’amuser, rire, partager leurs difficultés ou problèmes avec des amis tout en bougeant et en progressant dans leur activité sportive.

Comme beaucoup d’entre nous, je rêve d’une société bienveillante où nous serions libres de travailler, de faire du sport, sans discrimination, de couleur, de religion, surtout de tour de taille d’autant qu’on le constate la population des personnes en obésité progresse d’année en année. Mais, je reste confiante et je perdure à pratiquer autant que possible du sport juste pour le plaisir que cela me procure.

Nadine

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